Impossible de ne pas la remarquer si vous la croisez au champ de pratique ou sur le terrain. Ji-Hee Shin est une passionnée de golf et son élan en témoigne. Enseignante d'une grande polyvalence, elle inspire par sa motivation à faire de plus en plus d'adeptes autour d'elle. Ji-Hee nous invite ici dans son univers et explique son récent retour au jeu.
Quand et comment as-tu découvert le golf ?
Durant notre enfance, à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, mon frère, qui avait alors sept ans, s’est cassé le bras en faisant du patin à roulettes sur une demi-lune qu’il n’aurait jamais dû descendre. Évidemment, impossible pour lui de suivre les cours de golf auxquels mes parents l’avaient inscrit. J’étais une enfant curieuse de cinq ans, et j’ai proposé avec enthousiasme d’y aller à sa place. Et c’est comme ça que j’ai commencé à jouer au golf.
Quand as-tu décidé d’en faire ton sport ? Qui t’a encouragée (ou découragée) ?
Mon parcours dans le golf s’est brusquement arrêté lorsque ma famille a immigré de Nouvelle-Zélande au Canada. Au début de l’adolescence, le golf a rapidement disparu de mes centres d’intérêt et de mes priorités. Ce n’est qu’en 2022, alors que j’amorçais la trentaine et que j’avais été licenciée pour la deuxième fois depuis le début de la pandémie, que j’ai redécouvert le golf. Je remercie mon mari, Ben, pour ça ! Un après-midi, alors que j’étais en train de lui mettre une raclée au tennis, il m’a suggéré d’envisager une carrière dans le sport professionnel. Une professionnelle… du sport ? C’est un rêve que seuls les enfants peuvent avoir, me suis-je dit. Une pensée que j’ai souvent eue lorsque j’étais enfant et que je jouais au golf… mais c’était il y a plus de 15 ans. Je n’avais plus l’âge pour ça… Mais, si j’avais une chance de devenir professionnelle dans un sport, c’était assurément le golf. Toutes ces années à m’entraîner et à jouer quand j’étais enfant, tous mes souvenirs de golf me sont revenus en mémoire. J’ai vu une nouvelle voie dans ma vie, une voie que je n’aurais jamais envisagée si Ben n’avait pas vu quelque chose en moi – quelque chose que j’essaie encore de voir en moi. Sans le soutien et les encouragements de Ben, je ne serais pas sur mon X aujourd’hui – dans le golf et dans la vie. Bien sûr, il est impossible de ne pas parler de mes parents et de dire à quel point ils étaient contents d’apprendre que je retournais au golf. Je suis tellement reconnaissante d’avoir eu leur soutien, celui de mon frère, de ma belle-famille et de tous mes ami.e.s dans ma carrière de golfeuse au cours de ces deux dernières années.
Parles-nous des aspects que tu tentes d’améliorer dans ton jeu, comment fixes-tu tes priorités ?
Tout d’abord, j’aime me fixer des objectifs généraux. Des objectifs comme « Pas faire de boguey » ou « Atteindre 300 verges ». Ensuite, je réfléchis à la manière dont ces objectifs peuvent être atteints. Par exemple, pour jouer une partie sans boguey, je vais créer une liste des éléments qui DOIVENT bien se passer pour moi avant et pendant la partie. Par exemple, jamais ou rarement rater un fairway, atteindre le plus grand nombre possible de greens en régulation (GIR), éliminer les 3 coups roulés (putts), etc. Ce genre de décomposition me permet de mieux planifier mes séances d’entraînement. Si j’essaie de ne pas rater les GIR ou les fairways, mes angles de frappe et l’effet sur la balle, du driver aux wedges, doivent être très sûrs et ne comporter que peu ou pas de fautes directes. Si je veux éviter les 3 coups roulés, je vais devoir passer BEAUCOUP d’heures à putter à partir de distances, de vitesses, de situations et d’exercices différents. Comme pour toute chose, le principal facteur qui détermine si vous obtiendrez ou non le changement que vous souhaitez est l’effort que vous fournissez. Entraînez-vous, encore et encore, mettez en pratique les connaissances et laissez votre cerveau et votre corps créer les connexions nécessaires pour que les changements souhaités deviennent votre nouvelle norme.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce sport ?
Pour moi, le golf est un sport que l’on peut pratiquer toute sa vie, quels que soient son âge et ses capacités. Jouer et prendre plaisir au golf, c’est aborder chaque coup avec un état d’esprit créatif et ouvert, se mettre au défi et croire en soi, encourager ses pairs et adapter le jeu à ses désirs et à ses besoins. C’est au joueur d’obtenir ce qu’il veut du jeu – les possibilités illimitées du golf sont ce qui le rend si amusant et, parfois, si exaspérant.
Qu’est-ce qui te déplaît le plus du golf ? (C’est-à-dire, que tu aimerais changer.)
L’inaccessibilité et l’inégalité. Historiquement, et encore aujourd’hui, c’est un sport où les barrières à l’entrée sont élevées pour de nombreuses personnes. Les prix, les lieux, les règles, la culture, les nombreux « -ismes » ont longtemps été fixés de manière à exclure. Depuis que je suis revenue dans l’espace qu’est le monde du golf, je ressens la rage féminine coréenne-han de tout bousculer. Et ma priorité ici, c’est de créer un espace véritablement fait pour tout le monde, on sait tous et toutes que c’est possible.
Comment ta pratique et tes valeurs personnelles se recoupent-elles ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu aider et soutenir les autres. Même quand j’étais petite et que je participais à des tournois de golf, j’étais tellement contente de réparer une marque de balle pour quelqu’un ou de donner un divot à quelqu’un. Pour mes parents, ces actes étaient considérés comme de l’infériorité ou un manque de concentration sur mon propre jeu, mais ça me semblait juste naturel. Il est primordial pour moi que le golf soit une expérience valorisant la gentillesse et l’humour, que ce soit une expérience encourageante et respectueuse de soi et des autres. La seule compétition que l’on peut avoir au golf, c’est celle que l’on a avec soi-même.
Les valeurs les plus importantes pour toi transparaissent-elles sur le terrain de golf ?
Presque toujours. Bien qu’il y ait souvent des personnes qui dirigent leur compétitivité vers l’extérieur plutôt que vers l’intérieur, la majorité des interactions et des expériences que j’ai eues et vues sur le terrain et dans la communauté du golf ont été extrêmement positives et encourageantes. Les gens ont un amour particulier pour le golf et je pense qu’en tant que sport, il a la capacité unique de créer instantanément des liens, de la compassion et de la considération pour les autres.
Comment l’enseignement est-il devenu partie intégrante de ta pratique ? Qu’est-ce qui te plaît dans l’univers du golf ?
C’était vraiment une seconde nature. Enseigner me permet d’amener les autres à apprécier le jeu autant que moi… je l’espère, en tout cas. La meilleure façon de faire grandir l’amour pour ce sport, à mon avis, c’est de leur montrer à quel point ils et elles sont capables et de les aider à développer leur confiance en eux et en elles dans un espace qui peut être ou sembler intimidant.
Décris-nous la toute première leçon que tu donnes à tes élèves. Sur quoi aimes-vous mettre l’accent ?
Bien sûr, au cours de la leçon, nous travaillerons sur les mécanismes typiques d’un swing de golf, la structure, etc., mais ce qui est le plus important pour moi, c’est que mes élèves sortent de la leçon en se sentant capables et assurés. Une leçon de golf peut souvent être écrasante avec toutes les nouvelles informations et sensations inconfortables qu’elle engendre. Je fais de mon mieux pour tout expliquer de la manière qui conviendra le mieux à la personne qui apprend et pour lui laisser le temps de progresser et de s’entraîner à son propre rythme. Vers la fin de la séance ou après certains exercices, j’encourage mes élèves à éteindre leur cerveau et à laisser leur corps décider comment frapper la balle. Le but d’une leçon est de faire entrer toutes les pensées, puis de les faire sortir par le corps, mais s’il y a trop de pensées, notre corps se stresse et se rigidifie. En terminant la séance par le mantra « pas de pensées, juste des mouvements », mes élèves peuvent voir immédiatement que le travail et les exercices effectués pendant la leçon fonctionnent et sont mis en œuvre. Puis les élèves repartent avec ce sentiment d’efficacité personnelle dans lequel ils et elles puiseront la prochaine fois qu’ils joueront.
Parles-nous de Nakhjavani Golf.
Le Nakhjavani Golf Performance Studio est le spot où les golfeurs et golfeuses peuvent approfondir leur jeu et leur amour du sport. Ouvert toute l’année, le studio est bien équipé avec 3 simulateurs de parcours Trackman, un filet d’entraînement, une zone de putting et une salle d’entraînement personnel. Les simulateurs comptent plus de 250 parcours du monde entier et une variété de modes d’entraînement permettant aux golfeurs et golfeuses de faire un parcours virtuel ou de travailler sur leurs aptitudes. L’équipe d’entraîneurs et d’entraîneuses est compétente et authentique, et est prête à guider les individus de tous niveaux et de toutes capacités dans leur parcours de remise en forme et de golf. Nakhjavani Golf propose un lieu accueillant et confortable à toute sa clientèle et ses offres et services de haute qualité sont incontestables !
Racontes-nous ta partie de golf la plus mémorable.
La partie de golf la plus mémorable pour moi est l’une des premières que j’ai jouées après que ma famille a immigré de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, à Vancouver, en Colombie-Britannique. Mon père, mon frère et moi sommes allés au Eighteen Pastures à Mission, un terrain de golf public qui se trouve près de notre maison. C’était une journée ensoleillée, au cœur de l’été. Tout le monde se déplaçait en voiturette, mais ce n’était pas dans notre budget. Je me souviens que le personnel du magasin de golf a sourcillé lorsque nous avons dit que nous allions marcher, et la raison en est vite devenue évidente. Ce parcours était TOUT en collines. Et même si c’était extrêmement épuisant de pousser les caddies en haut pour les enfants maigres de 11-12 ans que nous étions, nous avons eu beaucoup de plaisir à redescendre parce que nos caddies avaient des petits sièges, alors on avait l’impression d’être à cheval ou sur ou sur un vélo à trois roues. Je sais que ce n’est pas le souvenir typique d’une partie de golf mémorable, mais pour moi, les expériences que je vis et ressens pendant une partie sont plus mémorables que des détails tels que mon score ou la qualité de mon jeu. Surtout quand on est enfant, le golf doit être un plaisir, et lors de cette partie, le terrain et la météo n’étaient pas idéals, la qualité du jeu importait moins que le fait d’être sur le parcours et de profiter du temps passé ensemble. Avec mon père, il y a toujours eu beaucoup de pression, de stress et d’attentes lors des parties de golf, alors jouer juste pour le plaisir était une expérience rare.
Quelques questions brèves :
Quelles sont tes marques de golf préférées ?
Pour le matériel, Callaway Golf et Odyssey sont légendaires.
Pour les vêtements, je préfère tout ce qui ne ressemble pas aux coupes, styles et motifs traditionnels du golf, comme Reigning Champ.
Quel est le contenu de ta liste de lecture de golf par excellence ?
Kpop toute la journée – principalement des chansons de BTS, Twice, (G)– IDLE et LE SSERAFIM
WhenQuand t’es tu dit pour la dernière fois : « Ça, je le réussis vraiment bien » ?
Avec le syndrome de l’imposteur que j’ai, je pense que ce genre de pensée est incroyablement rare pour moi. Mais je crois que ce qui m’a le plus rapproché du sentiment de compétence, c’est lors de quelques tournois que j’ai disputés en 2023. J’ai joué aux côtés de golfeur.eu.s.e professionnels du circuit et des amateur.e.s les mieux classé.e.s au Canada, et j’ai réussi à rester dans la course. Mon jeu n’était pas au point, mais l’expérience de jouer avec des joueur.e.s incroyablement compétent.e.s et de les observer de près m’a inspirée et m’a motivée à persévérer.
De pouvoir revenir et jouer encore mieux que lorsque j’étais enfant après avoir fait une si longue pause du golf m’a prouvé qu’il n’est jamais trop tard pour revenir. À un peu plus de 30 ans, je fais mon retour, et c’est un tout un combat, les ami.e.s !
Quelle est la prochaine étape ?
Je rêve de disputer plus de compétitions de golf et d’animer plus de stages et de formations pour des golfeurs et golfeuses de tous âges, de tous horizons et de tous niveaux. Je veux devenir un pilier de connaissances et de réconfort sur lequel les golfeurs et golfeuses peuvent compter pour obtenir des conseils, apprendre et s’amuser. En faisant découvrir ce sport à un public plus large, je veux que le golf sorte de ses traditions désuètes et qu’il se développe pour l’avenir. Je veux donner aux autres les moyens d’occuper l’espace et d’encourager une plus grande représentation de femmes et de personnes issues de la majorité mondiale dans ce sport. Bref, qu’est-ce qui m’attend ? Pas mal de choses!
Le meilleur conseil de golf que tu aimerais partager avec les golfeurs et golfeuses de hiatus ?
Jouez toujours avec bienveillance – envers les autres, mais surtout envers vous-même. N’oubliez pas que ce que l’on voit à la télévision et en ligne sur les pros sont surtout des moments forts. Ils font des erreurs tout comme nous, les gens normaux, alors accepter vos faiblesses, apprenez et allez de l’avant.
Et aussi, jouez avec intention, pas avec évitement. Par exemple, pensez et dites-vous avant votre coup : « Tu vas (en parlant à la balle) dans le fairway » plutôt que « Ne va pas dans l’eau ». Concentrez-vous sur les résultats que vous souhaitez obtenir plutôt que sur ce que vous voulez éviter. Je pense que c’est aussi vrai pour la vie que pour le golf.
Et AMUSEZ-VOUS. Si vous constatez que vous ne vous amusez plus, faites une pause et revenez un autre jour. Lorsque vous cessez de vous amuser, votre cerveau se heurte à un mur qui vous empêchera inévitablement de progresser et d’obtenir les résultats que vous souhaitez. Si le plaisir s’arrête au milieu du parcours, contentez-vous de marcher ou de conduire sur le terrain et de ne frapper que des coups faciles, dans le fairway par exemple. Vous pouvez aussi ne pas frapper la balle et vous contenter de putter à partir de différentes distances et de différents emplacements sur les greens. Le golf est VOTRE jeu, alors jouez-y selon vos propres conditions. Restez prudent et criez « Fore! » quand c’est nécessaire.