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UNE NOUVELLE PERSPECTIVE DU JEU ET DE CE QU'IL A À OFFRIR

« Je dirais que depuis la sortie du livre, les sujets dont j'ai parlé ont évolué et, dans certains cas, se sont professionnalisés de manière à la fois surprenante et, parfois, prévisible. »

INTERVIEW

DREW MILLARD : LE GOLF DANS UNE RÉALITÉ TOUT À FAIT VRAIE

TEMPS DE LECTURE →
12
 min.
Mots →
Hiatus Golf
ART →
PHILADELPHIE

« Le parcours de golf est un endroit où tout—chaque surface, chaque objet que nous touchons, tout ce que nous voyons, entendons et ressentons—est chargé de sens, et en tant que golfeurs, nous essayons de maîtriser les relations de cause à effet entre tous ces éléments. »

- Drew Millard, How Golf Can Save Your Life

Dans How Golf Can Save Your Life, Drew Millard retrace son parcours personnel à travers les hauts et les bas de la vie pour finalement trouver la guérison dans le golf - non pas dans les swings ou les statistiques, mais dans toutes les façons dont le golf l'a aidé à mieux faire face à ses enjeux de santé mentale, ses relations interpersonnelles et son sens de l'orientation chancelant. Avec humour et honnêteté, il raconte comment la patience, la frustration et les éclairs de virtuosité qui font partie intégrante de ce sport l'ont guidé sur le chemin de l’introspection.
Voir Millard lutter contre le doute de soi, se sentir coincé-e et se tourner vers le golf pour surmonter tout cela nous a semblé étrangement familier. En fin de compte, How Golf Can Save Your Life parle de la quête de sens, de la gestion de l'échec et de l'apprentissage à apprécier les petites victoires en cours de route. La vie peut parfois être un jeu difficile, mais la bonne perspective ouvre des opportunités de croissance. Et c’est quelque chose à laquelle nous ne pouvons nous empêcher de nous identifier.

Q&A avec l'auteur (et fan de musique) Drew Millard

Comment vas-tu depuis la sortie de How Golf Can Save Your Life ?

I’ve been chilling!

Tu as lancé Golfcore Volume 1 pour promouvoir le livre. Peux-tu nous expliquer ce que c’est ?

Alors, je ne suis pas, strictement parlant, un auteur spécialisé dans le golf. Je suis un auteur qui se passionne pour le golf. Une grande partie de mon travail, historiquement, a porté sur la musique, et en conséquence, j'ai beaucoup d'amis musiciens prêts à m'aider quand j'ai une idée un peu loufoque. Tout cela pour dire que j'ai décidé de promouvoir le livre en lançant une compilation de morceaux d'un tas d'artistes vraiment cools, à qui j'ai demandé d'imaginer à quoi pourrait ressembler un genre musical appelé golfcore et de créer ensuite une chanson de ce genre.
Mon pote Teen Daze a créé une chanson en utilisant des samples de l'ancien soundtrack de Microsoft Golf ; Steel Tipped Dove a concocté un morceau dans le style de Manchester sur le désespoir existentiel causé par le golf ; Azar Swan et Zachary Lipez ont assemblé un morceau post-punk gothique qui utilise le golf comme une métaphore étendue pour une relation en déclin... Je n'ai aucune idée de l'efficacité de la compilation pour promouvoir réellement le livre, mais c'était fun et ça m'a donné l'occasion de faire quelque chose de cool avec certains de mes musiciens préférés.

Tu écris que l'évolution constante du golf est menée par les joueurs et joueuses. Est-ce que cela a changé depuis la sortie du livre ?

Tout d'abord, je devrais préciser que j'ai conceptualisé et écrit le livre pendant la pandémie, et beaucoup de mes observations sur le jeu ont été influencées par l'expérience de marcher le parcours de Hillendale Golf Course à Durham, en Caroline du Nord, et de voir toutes sortes de gens qui découvraient le golf — principalement des milléniaux qui, comme moi, essayaient de profiter des dernières années de leurs vies sociales avant qu'elles ne deviennent ennuyeuses. C'était un moment propice à l'arrivée de nouveaux joueurs et, avec eux, d'idées et d'esthétiques qui allaient s'injecter au jeu.
Je dirais que depuis la sortie du livre, les sujets dont j'ai parlé ont évolué et, dans certains cas, se sont professionnalisés de manière à la fois surprenante et parfois prévisible. Malbon commandite un joueur du PGA Tour. Metalwood est chez SSENSE. Ce sont certainement des choses que je n’aurais pas prédit au moment où j’ai écrit le livre, mais si l’on regarde l’histoire des mouvements de la mode, comment ils commencent, évoluent et finissent par atteindre un point de saturation, ça a un peu de sens. Dans un domaine vaguement lié, le nombre de directeurs créatifs qui ont arrêté de sortir tard le soir pour commencer à jouer au golf tôt le matin a augmenté de manière exponentielle ces dernières années, ce qui a été un véritable atout pour les ventes de mon livre.

Quand les gens te demandent pourquoi tu joues, tu as tendance à trop en dire. Comment expliques-tu ça ?

Je ne sais pas. Je pense que j'étais un « hipster du golf » avant même que les hipsters ne jouent au golf, donc je crois que j'ai toujours ressenti le besoin de me justifier chaque fois que ma conversation avec un ami passait brusquement des deep cuts de Max B ou Frederic Jameson, à Modern Life Is War ou autre, à combien de fois je jouais au golf par semaine. Donc, trop en dire était équivalent à une forme de compensation excessive.

Tu écris à quel point il est important d'accepter l'échec et l'imperfection. Comment penses-tu que le golf enseigne aux gens à gérer les revers, sur le parcours comme dans la vie ?

Le golf est vraiment freakin difficile, et je pense que quiconque dit le contraire se ment à lui-même. Et bien que je sois certainement un défenseur de se mentir à soi-même, surtout quand il s'agit de mes propres, disons, défauts ou autres, il faut accepter l'échec pour avancer ou même grandir. Il y a quelque chose de vraiment spécial dans le golf, où tu peux voir les conséquences de tes actions et apprendre à les gérer de manière incroyablement détendue.

Quelle a été ton expérience en tant que membre dans un club ces dernières saisons ?

Je vis maintenant à Philadelphie, une ville qui possède une histoire vraiment fascinante et riche en clubs privés dans presque toutes les catégories — associations professionnelles, ces groupes sociaux qui se réunissent et portent des costumes bizarres chaque jour du Nouvel An, appelés les Mummers, des restaurants réservés aux membres et des clubs de golf privés. Donc, quand j'ai emménagé ici, j'avais presque l'impression de n'avoir d'autre choix que de rejoindre un club. Malheureusement, j'ai commis l'erreur de rejoindre un club appartenant à une société de capital-investissement. Le phénomène des sociétés de capital-investissement qui achètent des country clubs, dont beaucoup étaient auparavant détenus par les membres, est un problème peu discuté dans le monde du golf, et un problème qu'il faut affronter, de préférence le plus tôt possible. Pour ces entreprises, les country clubs représentent un jeu immobilier. Elles achètent ces parcours, vendent autant de terres qu'elles peuvent pour le développement immobilier, puis augmentent les tarifs pour extraire autant de profit que possible des clubs eux-mêmes. Tout cela est une façon un peu longue de dire qu'elles ont augmenté les cotisations d'adhésion, alors j'ai quitté.

Quelles leçons as-tu dû désapprendre ?

Dans la vie, que se lever tôt est moralement supérieur ; au golf, que le bump-and-run autour du vert est réservé aux personnes aînées.

Sur quoi dépenses-tu présentement trop d'argent ?

Je lis actuellement le livre de W. David Marx, Ametora, qui raconte l’histoire de la réinvention du style américain par l’industrie de la mode japonaise, en commençant par l’esthétique classique de l’Ivy League. Et du coup, je dépense une fortune en chemises Oxford vintage Polo sur eBay. Si mon livre atteint le statut platine après cette interview, je ne porterai plus que du sur-mesure Kamakura à partir de maintenant.

Quelle est la dernière chose qui t'a marqué ?

J'ai récemment lu la trilogie de true crime de Gary Indiana — Resentment (sur les frères Menendez), Three Month Fever (sur Andrew Cunanan, le type qui a tué Versace) et Depraved Indifference (sur Sante et Kenny Kimes, un duo mère-fils qui ont commis pas mal de fraudes ignobles, meurtres, etc.). Les livres eux-mêmes sont en quelque sorte une méditation sur les conditions sociopolitiques plus larges et l'incapacité des sociétés capitalistes à traiter correctement les impulsions et les troubles qui poussent des gens désespérés à tuer, ainsi que sur la manière dont les médias se nourrissent de ces actes et les sensationnalisent, culpabilisant leurs lecteurs pour leur intérêt pour ces incidents tout en se délectant de leur voyeurisme de manière à augmenter leurs profits. Gary Indiana aurait adoré Luigi Mangione.

Comment va ton handicap ?

Après avoir terminé le livre, j'ai dû trouver un job, puis je l’ai perdu et j'ai dû apprendre à devenir consultant en marketing en plus d'être auteur, donc j'ai beaucoup travaillé et j'ai dû réduire considérablement mon golf, ce qui a fait augmenter mon handicap. Mais, euh, je n'ai jamais dit que le livre parlait de comment j'étais bon au golf.

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